Association des Familles de Katyń 2010
    Le 29 mars 2012, une audition publique sur l'accident de Smolensk a été organisée au Parlement européen par le groupe des Conservateurs et Réformistes européens (ECR), avec le vice-président de l'ECR, Ryszard Legutko, et deux députés ECR, Tomasz Poreba et Ryszard Czarnecki avec l'Association des Familles de Katyn 2010. L'audition a été suivie par un nombre considérable d'invités de marque, notamment des membres des familles des victimes, des députés au Parlement européen, des scientifiques, ainsi que des représentants des ambassades et de la communauté polonaise. Les familles ont à nouveau demandé la création d'une commission internationale en vue d'enquêter sur cette tragédie. L'audition publique s'est concentrée sur les derniers travaux du groupe parlementaire chargé de se pencher sur ce qui s'est réellement passé à Smolensk, afin de révéler de nouveaux faits et éléments de preuves. Cette audition a permis au grand public, à l'échelle internationale, de découvrir à quel point l'enquête et l'examen des preuves ont été mal menés jusqu'à présent.



    Des experts américains et polonais consultés par la commission parlementaire présidée par Antoni Macierewicz ont établi le déroulement des événements qui se sont produits pendant les dernières secondes du vol au cours duquel ont péri 96 Polonais, dont le président de la Pologne, son épouse et les commandants suprêmes des forces aériennes polonaises. L’audition publique présentera les résultats d’essais effectués en parallèle par des experts américains et polonais. Les conclusions auxquelles sont parvenus les experts en Pologne et aux Etats-Unis indépendamment les uns des autres concordent. Le Prof. Wiesław Binienda et le Dr. Kazimierz Nowaczyk ont joué un rôle majeur dans l’enquête menée aux États-Unis. En Pologne, ces recherches ont été menées par un groupe de physiciens qui, à l’heure actuelle, préfèrent rester anonymes. L’exposé, qui résume les conclusions des scientifiques, donne une représentation des événements totalement différente de celle qui est avancée par le Comité russe inter-états de l’aviation (MAK) et la commission polonaise présidée par Jerzy Miller. Les travaux des experts mettent en question la version officielle des causes de la catastrophe, selon laquelle l’appareil Tu-154 a heurté un bouleau, a perdu une partie de l’aile gauche à la suite de cette collision, a ensuite effectué une rotation de 180 degrés avant de s’écrasé au sol.

    Une analyse des données du système TAWS et de l’ordinateur de bord (altitude à différents instants et positions géographiques), ainsi que des paramètres de vol fournis par les rapports MAK et le rapport de la commission Miller (facteurs de charge et angles montrant le virage et l’inclinaison de l’appareil) permet d’établir ce qui suit :

    1. Il n’y a eu en fait aucun contact entre l’avion et le bouleau situé à proximité de la radiobalise la plus proche, c’est-à-dire le bouleau qui aurait prétendument sectionné une partie de l’aile. Le Tu-154 volait à 14 mètres au-dessus de cet arbre.

    2. L’appareil a perdu une partie des son aile alors qu’il se trouvait à 69 mètres au-delà du bouleau, à une altitude de 26 mètres. Les experts ont montré que cette aile n’avait pu se briser au contact du bouleau et se retrouver ensuite à 111 mètres (!) de cet arbre (comme l’affirment les experts russes et la commission Miller), étant donné que la simulation par ordinateur a démontré qu’après un tel impact, cette partie de l’aile serait tombée au sol à 10-12 mètres de l’arbre.

    3. Même si le Tu-154 avait heurté le bouleau, il n’aurait pas perdu une partie de son aile. Ce fait a été démontré par une simulation informatique réalisée par le professeur Binienda à l’aide du logiciel spécialisé LsDyna3D. Pour convaincre d’éventuels sceptiques, le professeur Binienda a répété et a procédé à l’expérience à plusieurs reprises, en amplifiant certains paramètres de la situation initiale (densité du bois de l’arbre, diamètre de celui-ci, etc.).

    4. Au moment même qu’une section de l’aile a été sectionnée (ce qui, répétons-le, s’est produit à une altitude de 26 m), l’avion a subi et a été secoué par deux chocs/impacts enregistrés par la boîte noire (enregistreur des paramètres de vol). C’est à ce moment-là que le Tupolev a changé de trajectoire.

    5. Deux secondes plus tard, alors que le Tu-154M se trouvait à environ 15 mètres au-dessus du sol, l'avion a subi une perte d’alimentation électrique, et l’ordinateur de bord a cessé de fonctionner. Les données extraites de cet ordinateur, par son fabricant américain, ont constitué la source de l’analyse présentée par les professeurs Binienda et Nowaczyk. Cette machine a été retrouvée environ 60 m avant l’endroit où l’avion a heurté le sol une première fois.

    L’exposé de ces deux scientifiques est d’une importance considérable. L’analyse réalisée par les experts du groupe parlementaire Macierewicz, repose sur des données objectives, obtenues au moyen des logiciels spécialisés et utilisés, entre autres, pour expliquer des causes des catastrophes aéronautiques.

    Comme l’explique Antoni Macierewicz, président du groupe d’enquête sur l’accident d’avion de Smolensk, «cette présentation pèse d’autant plus lourd que deux équipes différentes, l’une polonaise, l’autre américaine, utilisant des méthodes différentes et travaillant sur des fragments différents d’un même avion – l’une étudiant la trajectoire, l’autre la brisure de l’aile – sont parvenues aux mêmes conclusions. Elles ont démontré que l’avion volait à une altitude à laquelle il n’aurait pas pu heurter le bouleau et qu’il avait perdu son aile à une altitude de 26 mètres. Bien entendu, comme il s’agit d’une analyse scientifique, nous sommes conscients du fait que les données obtenues comportent une marge d’erreur. Le professeur Binienda a indiqué que l’aile a été sectionnée de l’avion à 69 mètres de l’emplacement du bouleau, mais il faut reconnaître que cela a pu s’être produit à quelques mètres de distance de cet endroit. Notre exposé est pleinement conforme aux données contenues dans les enregistreurs de données de vol et dans les systèmes TAWS et FMS (ordinateur de bord), et contredit totalement et absolument l’argument selon lequel l’avion a pivoté et a perdu une partie d’une aile après avoir heurté un bouleau ». Le député PiS Antoni Macierewicz a mis aussi l’accent sur les deux chocs/impacts enregistrés par l’enregistreur des données de vol qui se sont produits en même moment où l’aile s’est détachée et le changement de la trajectoire de vol, peu avant que l’ordinateur de bord cesse de fonctionner.

    « Bien que la cause de ces chocs violents ne soit pas connue, une chose est certaine : aucun phénomène d’origine naturelle n’aurait pu les provoquer, de même qu’aucune cause naturelle ne peut être à l’origine de la perte d’une partie de l’aile à une altitude de 26 mètres », affirme Antoni Macierewicz. Il convient de rappeler qu’il s’agit également d’une conséquence de déclarations publiques du bureau du Procureur, dont la déclaration du 26 juillet 2011 selon laquelle l’avion aurait perdu de la puissance entre 15 et 17 m au-dessus du sol.

    Les résultats des travaux les plus récents présentés par le groupe d’enquête ont montré ce qui s’est réellement produit à Smolensk: le commandant Protasiuk s’apprêtait à atterrir conformément à la procédure habituelle et généralement acceptée quand, eu égard au brouillard, jusqu’au moment où, comme il l’avait envisagé précédemment, il a dû enclencher le pilote automatique pour effectuer un deuxième tour au-dessus de l’aéroport (pour contourner à nouveau l’aéroport). Il a entamé cette manœuvre, comme le montre la trajectoire de vol décrite par les données des systèmes TAWS et FMS. L’avion a gardé en permanente une altitude de sécurité et n’est jamais descendu en dessous de la trajectoire d’atterrissage. Alors que l’avion commençait à reprendre de l’altitude (à environ 69 mètres au-delà du bouleau) et se trouvait à une altitude de 26 mètres, deux chocs violents se sont produits, ont ébranlé l’appareil, l’aile s’est brisée/ détachée et ce fut la catastrophe que nous savons, dans laquelle la perte de puissance a joué un rôle essentiel.

    source: l’article de Leszek Misiak et Grzegorz Wierzchołowski paru dans la Gazeta Polska du 29 septembre 2011.